Caroline, revient d’un séjour à Madagascar durant lequel elle a parcouru la RN7. Elle a retenu 7 expériences de ce voyage qu’elle souhaite partager avec vous.
LA RN7 rallie Tana, la capitale de Madagascar, à Tuléar, sur la côte sud-ouest.
Elle traverse des paysages variés – rizières en terrasses, savane écrasée de soleil, massifs de grès et désert planté d’épineux – et les territoires de plusieurs ethnies – Merina, Bétsiléo, Bara, Antandroy, Vezo.
En parcourir ses 941 km est un excellent moyen de plonger dans la culture malgache.
La preuve en 7 instantanés.
1 Consulter un tradipraticien
Dans son cabinet – une pièce exigüe que l’on atteint en gravissant un petit escalier branlant – les sacs de plantes médicinales et d’écorces de bois ont remplacé le stéthoscope et le thermomètre, et les ordonnances sont rédigées sur un cahier d’écolier.
Maux de ventre, mauvaise toux ou blessures légères, le tradipraticien a toujours un remède. L’observer recevoir ses patients, les écouter avec attention et les soigner par les plantes montre l’importance de cette médecine de proximité dans les villages des Hauts Plateaux malgaches et sa complémentarité avec la médecine moderne.
2 Cuisiner un ravitoto
Le ravitoto (prononcer « ravitout ») est un plat traditionnel de Madagascar à base de viande et de feuilles de manioc pilées. Le préparer commence par acheter les principaux ingrédients au marché local. Dans les Hautes Terres, pas de tomate en hiver, de grande surface dans les villages ni de congélateur dans les cuisines : on consomme ce qu’on cultive soi-même ou ce qu’on achète au jour le jour.
Après les achats, vient le temps de piler le manioc, émincer les brèdes, cuire le riz rouge et faire dorer la viande… sous les yeux amusés d’hôtes malgaches qui ont très vite compris les limites de mes talents culinaires.
3 Faire du VTT autour d’Antsirabe
Parcourir les environs d’Antsirabe en VTT sur des chemins un peu cabossés mais tout à fait praticables vous plonge dans la vie rurale.
La balade commence au lac Andraikiba, à quelques kilomètres d’Antsirabe. Sur les rives du lac, c’est l’heure de la lessive. De l’eau jusqu’aux genoux, des femmes frottent énergiquement le linge de la famille, ne s’interrompant que pour répondre à notre « Salàma » (bonjour), un doux sourire aux lèvres.
Le samedi, le marché aux zébus bat son plein. À vélo, on zigzague entre les paysans, les zébus, les cochons et les charrettes qui convergent au marché. Les négociations, à l’écart de la foule, vont bon train et l’air embaume la viande et le maïs grillés.
Notre balade se termine aux portes d’Ansirabe. En contrebas de notre point d’arrivée, on aperçoit les thermes de la ville, en activité depuis le début du XXe siècle.
4 Déjeuner chez Clovis
Clovis, notre guide dans la réserve d’Anja, est Betsileo. Sa famille a toujours habité la région d’Ambalavao et le tombeau de sa famille est d’ailleurs édifié dans la réserve d’Anja. Après nous avoir présenté aux lémuriens maki qui peuplent la réserve, Clovis nous montre les tombeaux betsileo qui se logent au creux des roches d’Anja.
Pour finir, il nous invite déjeuner chez lui aux abords de la réserve. L’endroit est connu des saisonniers. Chaque jour, ils s’y retrouvent pour partager une assiette de riz et poulet – le menu ne varie pas – et échanger les dernières nouvelles. Nous nous asseyons à leurs côtés pour se régaler et profiter de l’ambiance. Pendant que la femme de Clovis nettoie la pêche du jour, une autre s’occupe des enfants et une troisième fait sécher le maïs.
5 Chausser ses runnings à Fianarantsoa
Derrière mon hébergement, une route s’élève en pente douce au milieu des arbres. C’est le terrain idéal pour profiter de la douceur matinale et partir courir. La route rejoint un superbe point de vue sur Fianarantsoa. Des enfants s’appliquent à répéter leurs mouvements de kung-fu, un art martial popularisé par les films et pratiqué par beaucoup de jeunes garçons.
À mes pieds s’étire la ville moderne, ses écoles et son stade de foot. À ma gauche, la vieille ville, sa cathédrale, son dédale de rues pavées et ses maisons traditionnelles restaurées. Des églises et temples disséminés aux quatre coins de la ville, me parviennent les chants joyeux des fidèles.
6 S’arrêter n’importe où, n’importe quand
Il se passe toujours quelques chose le long de la RN7 : des hommes récoltent le riz, de jeunes garçons en équilibre instable sur le vélo transportent d’énormes sacs de charbon, des femmes nous interpellent pour nous vendre des physalis fraîchement cueillis…
S’arrêter dans l’un des nombreux villages que traverse la RN7 permet de saisir tous ces moments de vie. Le temps d’un café commandé à une vieille femme, on observe les parties de baby-foot acharnées qui se tiennent à l’ombre d’un dais de fortune. Des enfants nous gratifient d’un « Salut Vazaha » enjoué tandis que leurs mères rassemblées sous les papayers et goyaviers font sécher le grain au soleil. À Madagascar, la barrière de la langue se franchit facilement avec un sourire.
7 Assister à un concert du Bloco Malagasy
La Bloco Malagasy est un groupe de batucada formé par 200 filles et enfants de Tuléar. En avril 2015, la Bloco Malagasy a animé des soirées à l’Hôtel Solidaire Mangilvy, dans le but de récolter des fonds pour un projet de préservation des sols.
La soirée est l’occasion d’en savoir plus sur ces musiciennes. Adolescentes vivant dans des quartiers défavorisés, elles sont exposées à de nombreux risques (exclusion sociale, grossesses précoces) et trouvent dans la musique un moyen de s’ouvrir et de s’émanciper.
Difficile de rester de marbre devant leur énergie incroyable et les rythmes malgaches revisités par les percussions brésiliennes.
Le rn7 est un circuit classique pour découvrir la Grande Ile et ses sublimes paysages. Pour votre séjour à Madagascar, c’est l’étape incontournable